Françoise, c’est Dolto bien sur ! Parents, éducateurs, enseignants, nous sommes tous un peu ses héritiers et pourtant peu d’entre nous la connaissent vraiment.
La pièce qui va se jouer au TLF les 12 et 13 janvier “Lorsque Françoise parait” avec Sophie Forte dans le rôle principal, nous donne un bon aperçu de la vie de cette pionnière.
Née avant la première guerre mondiale, à une époque où les femmes avaient un avenir tout tracé qui allait de la maternité au soin de leur foyer, cet enfant précoce décide de devenir “médecin d’éducation”, un terme qu’elle invente alors qu’elle n’a que 8 ans.
Elle qui est élevée dans une famille traditionnelle, pense qu’il faut “éduquer les parents… que les parents ne comprennent rien aux enfants”.
La pièce écrite et mise en scène par Eric Bu, couvre la vie de Dolto de 8 à 79 ans et nous fait découvir tour à tour une enfant surdouée, une adulte libre, combative, dotée d’une énergie rare, et une dame agée qui à l’aube de sa vie, n’a rien perdu de son espièglerie.
Voulant se débarrasser des règles imposées par le milieu très codé dans lequel elle avait grandi, Dolto s’est construite en déclarant “je veux être libre de ma vie” et ne pas être dépendante d’un homme.
Elle deviendra une femme ouverte sur le monde, pleine d’humour et se révèlera être une grande communicante. Elle a été la premiere à parler de l’éducation des enfants à la radio dans les années 50 puis à la télévision dans les années 70 !
Pourtant la vie ne l’avait pas gatée. Issue d’une famille bourgeoise très catholique, elle est élevée par une mère mentalement instable, instabilité renforcée par la perte de sa fille ainée. La petite Françoise s’est alors retrouvée dans une position intenable et est devenue le souffre douleur de sa mère qui la rendait coupable d’être en vie. Elle était l’enfant qui avait volé la place de sa grande soeur tant aimée par sa mère.
Dotée d’une intelligence rare et d’une sensibilité hors du commun, elle n’en a pas voulu à sa mère, elle a fait la part des choses ; elle a compris que la femme qui était dure avec elle, ne lui en voulait pas directement. Sa mère était seulement en souffrance et malade.
La psychanalyse a été un facteur déterminant dans la reconstruction de Dolto adulte.
Bande-annonce – Dolto, Lorsque Françoise paraît from Atelier Théâtre Actuel on Vimeo.
Nous sommes allées poser quelques questions à Sophie Forte qui grâce à cette interpretation casse son image de “rigolote de service” comme elle le dit elle-même. Ce rôle révèle une actrice tout à fait surprenante qui fait passer beaucoup d’émotions.
Françoise Dolto est un vrai personnage de roman. Comment se prépare-t-on pour un tel role ?
Je ne voulais surtout pas imiter Dolto. On ne se ressemble pas physiquement et je suis un type de femme différent. Je n’ai pas écouté ses émissions mais en contre partie j’ai beaucoup lu ses livres avant de jouer la pièce.
Quand je suis sur scène, je ne veux pas faire des caricatures d’enfant ou de vieille dame. Alors, je me glisse dans des ages, des attitudes et mon corps suit de façon assez naturelle. Je me reconnecte beaucoup à mes émotions pour travailler. Ce sont des choses que je ressens profondément.
La pièce rencontre un vif succès mais pourtant elle a eu des débuts difficiles ?
Nous avons démarré la pièce juste au moment de la pandémie et on a du interrompre les représentations quatre fois au total entre celles qui devaient avoir lieu à Paris et en Avignon.
Mais nous étions confiants : quand Eric Bu a commencé à écrire la pièce, il n’a fait que la partie consacrée à l’enfance de Dolto et le théâtre Lepic nous a permis de soumettre un essai de 20 minutes au public. Succès immédiat, la salle a tout de suite très bien réagi. Cela a convaincu Eric de continuer l’écriture et les producteurs de financer le projet.
Il est important de préciser que quand la pièce a été finie, par respect pour la mémoire de Françoise Dolto, nous avons soumis le texte à Catherine, sa fille. Son retour a été très positif et elle a même apporté des éléments qu’Eric n’avait pas sur la dernière tranche de vie de sa mère. On peut dire qu’une partie du texte a été révélé par sa fille.
La pièce se joue toujours après quatre ans et est en tournée en Suisse, en Belgique et même à San Francisco !
La mise en scène est très exigeante. On passe de l’enfance à l’age adulte sans transition ou à peine. Quel est le secret de cette réussite d’après vous ?
Le texte est ciselé, la mise en scène au cordeau et les deux autres acteurs formidables. On installe les âges, les personnages, chaque moment est assez long pour comprendre où l’on est. Le timing est bon, et tout est très fluide.
Pour ma part, je suis comblée, je joue avec des acteurs talentueux et formidablement gentils et fiables. Stéphane Giletta et Christine Gagnepain sont épatants.
Quel est votre prochain projet ?
Comme vous le savez peut-être, je ne suis pas seulement comédienne, j’ai fait plusieurs albums de chansons pour enfants, et j’écris des pieces de théâtre pour les autres. J’ai aussi écrit un livre l’année dernière qui s’appelle La Valise.
Mais mon prochain projet se concretisera au Festival d’Avignon 2023. C’est la réécriture de la pièce “Sur le Fil” et c’est une comédie romantique.
Adresse : Théâtre du Lycée Français de San Francisco
Date et heure : les 12 & 13 janvier 2023 à 19h30
Billets : en vente ici
Pssst… C’est un cadeau de Noel qui en réjouira plus d’un. Pensez-y !