Eric Antoine, photographe français présente sa nouvelle série de photos Even Ghosts Get Lost  à la galerie Dolby Chadwick à San Francisco.

Nous venons de découvrir son travail et c’est un vrai coup de coeur.  La rencontre en personne avec cet artiste nous a donné des clés pour mieux comprendre son travail.Eric Antoine San Francisco

Eric Antoine est un photographe autodidacte, skater et anciennement photographe de skate, pourtant en 2010 suite à un événement dramatique, sa vie bascule et il se retire du monde. Littéralement. Il s’installe au fin-fonds d’une forêt Vosgienne et tente de survivre.

C’est à ce moment là qu’il appréhende la photographie comme une thérapie et s’attaque au collodion humide, une technique du 19ème siècle. En deux mots, il s’agit de faire des prises de vue avec une chambre photographique, sur des plaques de verres enduites de produits chimiques (le collodion) qui doivent ensuite être « développées » dans les 10 à 15 minutes suivant la prise de vue. Cela implique de rester tout près du laboratoire photo.

C’est ainsi que pendant 5 ans, il ne photographie que dans un rayon de 100 mètres autour de sa maison. Il photographie principalement des natures mortes, de manière répétitive et obsessive. Parfois des personnes apparaissent dans ses photos, mais de manière partielle : on n’y voit que des membres, qui deviennent en somme des objets.

Il se chagrine du fait que l’on évoque trop souvent l’aspect technique de son travail  même s’il reconnait que c’est très spécifique. Mais il insiste sur le fait que l’essence de ses explorations est ailleurs : elle est dans la symbolique et dans la poésie des images.

La beauté d’avoir rencontré Eric Antoine, c’est que nous avons eu droit à ses commentaires en direct. Il nous a parlé de sa symbolique, son vocabulaire.

les cerveaux

Cerveau XIII  © Eric Antoine

Par exemple, dans sa série Les Cerveaux, il nous explique que les boules noires et les pierres représentent des soucis, des obstacles, les feuilles de livres sont liées à un épisode de vie bien défini, s’empilant les unes sur les autres pour raconter l’histoire d’une vie, la sienne ou celle de quelqu’un d’autre. Si vous lui racontez votre histoire, il se peut qu’il en fasse un croquis rapide pour ensuite « construire » une photo qui « écrira » l’histoire de votre vie. Il a ainsi élaboré son propre language.

Il y a aussi « ses » arbres qu’il photographie sans cesse, ceux de sa forêt vers lesquels il retourne chaque saison et ceux plus loin… Car parfois il s’aventure en dehors de chez lui pour aller photographier les Oliviers. Pour cela, il a monté un laboratoire photo dans un van afin de pouvoir développer ses prises de vue sur place, utilisant sans cesse cette technique hors du temps. Hors du temps ou d’un autre temps comme Félix Thiollier ou Edward Steichen, des photographes du 19ème siècle qui l’inspirent.

Mais Eric Antoine vit tout de même avec son temps et se revendique admiratif du cinéaste Tarkovsky ou du photographe Jérémie Lenoir. Il craint que le public trouve son travail passéiste, mais il rencontre un vrai succès à San Francisco et deux tiers des pièces exposées ont déjà été vendues ! Peut-être est-ce le côté geek qui séduit les acheteurs. Nous avons été impressionnés par sa quête artistique permanente, sa quête du temps qui passe, où il aspire à éliminer tout ce qui est figuratif. Il veut tendre de plus en plus au minimalisme. Un peu comme son mode de vie… « slow living », une tendance résolument moderne.

Dates : Even Ghosts Get Lost du 3 mars au 2 avril 2022
Adresse : Dolby Chadwick Gallery – 210 Post Street, Suite 205 – San Francisco
Horaires : Mardi – Vendredi, 10h – 18h -Samedi, 11h – 17h
Site internet ici

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