Utiliser la robotique dans l’agriculture ne tient plus de la science-fiction, c’est une réalité comme on a pu le constater au Consumer Electronic Show (CES) de Las Vegas et comme on peut le lire régulièrement dans la presse économique. 

Que ce soit pour pallier le manque de main d’œuvre ou pour permettre une agriculture plus respectueuse des sols et donc plus écologique, l’adoption de la robotique dans ce secteur est presque en passe de devenir banale. 

Afin de mieux en comprendre les tenants et aboutissants, nous avons rencontré Gaëtan Séverac, l’un des deux co-fondateurs de Naio Technologies, une entreprise française qui conçoit et produit des robots agricoles dans la région de Toulouse. 

Cette PME, qui a fêté son dixième anniversaire, compte aujourd’hui 70 personnes dont 10 sont basées en Californie.

D’après le California Department of Food and Agriculture (CDFA), en 2020 plus d’un tiers des légumes et deux tiers des fruits consommés aux Etats-unis, sont cultivés dans le Golden State.

Alors OZ, le robot désherbeur particulièrement adapté aux cultures maraîchères, a tout naturellement trouvé sa place dans la région de Salinas. Ceux d’entre vous qui ont naio desherbeurconduit sur Highway 1 vers Monterey ont pu voir les immenses étendues de terres plantées de fraisiers, betteraves, artichauts, salades et autres.

L’idée du robot désherbeur n’a pas germé dans la tête de nos ingénieurs en robotique en faisant du tourisme mais bien en discutant avec des agriculteurs. Ces derniers leurs ont expliqué qu’ils ne trouvaient plus de main d’oeuvre pour désherber les cultures à la main ; à salaire équivalent, les personnes préfèrent faire autre chose que d’être dans les champs. 

Désherber est un travail beaucoup trop ingrat et pénible et l’utilisation de désherbants chimiques ne répond plus ni aux critères écologiques actuels, ni aux souhaits des consommateurs ou des producteurs.

Comme nous le dit Gaëtan Séverac : “Les pratiques agricoles modernes ont montré leurs limites en termes de durabilité au sens environnemental. Si on veut de la durabilité, de la résilience, il faut revenir à une agriculture avec moins de chimie, et plusieurs types de culture… Cette diversité nécessite plus de travail, plus de complexité, et ne peut être possible qu’en passant par l’automatisation. C’est un constat de fonds même si le Covid, et les politiques locales ont récemment exacerbé le phénomène”.

Naio Technologies a donc commercialisé son premier robot en 2013, et a aujourd’hui près de 250 machines qui sont au travail dans le monde. 

Du petit robot pour maraîcher appelé OZ, ils sont passés au modèle supérieur avec Dino qui peut couvrir jusqu’à 4 hectares par jour en travaillant 8 à 10 heures de suite en toute autonomie. La surface de travail est balisée (pensez robot-aspirateur et capteurs) et quand le robot est en action, la “surveillance” se fait à distance sur une app. 

ted-naioFort de ses résultats dans les champs, Naio Technologies lance ce printemps un robot pour le travail de la vigne. Ceux qui aiment se balader dans les régions viticoles ont sûrement déjà vu ces machines qui enjambent les rangées de vignes pour traiter ou travailler le sol. 

Jusqu’à présent, ces drôles de tracteurs nécessitaient un conducteur. C’en est fini avec Ted, le robot qui va faire le travail en toute autonomie 8 heures par jour. L’entreprise promet même une version à chenille pour les terrains accidentés et les pentes trop fortes. 

Il est tentant de comparer les robots agricoles aux voitures autonomes qui restent à ce jour au stade de démonstrateurs technologiques. Mais Gaëtan Séverac nous rassure quant à la fiabilité de la navigation en autonomie. Il affirme que « le robot ne risque pas de sortir du champ ou s’arrêter au moindre obstacle » et rappelle que “l’environnement dans lequel évolue les robots est beaucoup plus simple que les routes sur lesquelles évoluent les voitures”.

En contrepartie, il souligne que “Les vrais enjeux restent centrés autour de la logistique. Pour l’instant il faut rentrer les machines tous les soirs et cela impacte l’organisation du travail agricole. A terme, nous envisageons des stations de recharge mobiles pour que les robots puissent être rechargés aux champs et travailler plus longtemps, y compris la nuit… “.

Évidemment la question qui nous vient à l’esprit est celle du prix de ces machines. De la même façon que les co-fondateurs avaient sondé leur marché pour comprendre quelle était la tâche la plus ingrate qu’un robot pouvait effectuer pour soulager l’homme, ils ont aussi concocté leur business model en discutant avec les agriculteurs.

OZ, le robot pour maraîcher coûte environ $30.000 et Dino coûte entre $200.000 et $300.000, alorsNaio vend bien évidemment ses robot, mais surtout les loue en fonction des taches à effectuer.

Le robot arrive avec un technicien qui le met en route sur la surface à cultiver et voilà… Le récoltant ne s’occupe de rien, ni de recharger les batteries, ni de la maintenance. Une solution ultra flexible pour tester la productivité et le travail du robot.

L’entreprise Naio Tehcnologies semble avoir de beaux jours devant elle avec ses robots occupés à désherber, biner, semer et creuser des sillons. Espérons que cela amènera réellement les exploitants à cultiver plus écolo et à permettre à leurs salariés de se consacrer à des tâches à valeur ajoutée que les robots ne peuvent pas compléter. 

Nous tenons à remercier la Chambre de Commerce Franco-Américaine de San Francisco qui nous mise en contact avec Naio Technologies. Nous voulons aussi souligner que l’entreprise, dans le cadre de son développement, recrute dans la baie de San Francisco et au-delà. N’hésitez pas à adresser vos cv à thibaud.m@naio-technologies.com.

Si vous souhaitez les rencontrer, sachez qu’ils présenteront leurs robots au WorldAgExpo du 8 au 10 février 2022. Les robots de Naio sont parmi les Top-10 New Products de l’année. Ils avaient été sélectionnés pour les CES Innovations awards auparavant.

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