Démarrant sa deuxième saison de résidences artistiques, la Villa Albertine à San Francisco accueille en même temps une danseuse, une chorégraphe, une directrice artistique et une responsable de centre culrurel. Et pourtant toutes ces personnes ne font qu’une : Sarah Crowell.
Bien connue des communautés locales, en particulier celles engagées dans la justice sociale, Sarah Crowell est la co-fondatrice du Destiny Arts Center à Oakland.
Le centre s’engage à faire bouger les jeunes ayant peu ou pas accès à l’éducation artistique. Il leur enseigne les valeurs d’inclusion, de sécurité et de non-violence à travers les arts du mouvement. Chaque année, plus de 2500 jeunes s’engagent dans ce programme, et apprenent la danse, le hip hop, la danse aérienne, les arts martiaux.
C’est dans ce contexte que Sarah Crowell a eu l’opportunité, en 30 ans, de porter autant de casquettes. Mais il y a un an, elle a décidé de passer à autre chose et de laisser le Destiny Arts Center à la nouvelle génération.
Lorsque nous l’avons rencontrée à la Villa San Francisco, nous lui avons demandé comment elle se voyait. Après un temps d’hésitation, elle a finalement répondu : « Après m’être demandé qui j’étais désormais, j’en ai conclu que je suis une collaboratrice artistique et une tisserande d’histoires« .
Et c’est sans doute pour cela qu’elle a rejoint le projet Saint-Denis/Oakland avant de doubler avec le projet My Story, tous deux dirigés par Simon Hanukai, metteur en scène et pédagogue.
Hanukai, qui partage son temps entre Paris et New York, est un adepte de la narration depuis longtemps. Lorsqu’il a imaginé son projet multi-villes My Story, il a naturellement pensé à Sarah Crowell, avec qui il avait travaillé auparavant à Oakland.
Le respect professionnel entre ces deux-là est si fort qu’il a réussi à la convaincre de remonter sur scène tout en menant le projet pour Oakland. Danseuse professionnelle pendant des décennies, elle avait renoncé à se produire il y a 15 ans. Sarah décrit la danse comme « un acte de générosité, c’est comme ouvrir mon corps et mon cœur« . On comprend en peu de mots que la danse est un acte important pour elle…
Pour construire le projet Our Story, Simon Hanukai voulait rassembler quatre histoires auprès de résidents d’Oakland.
Sarah Crowell détaille le projet : « Nous avons collecté 25 histoires filmées simplement avec un smartphone auprès de membres de la communauté transformés pour l’occasion en conteurs et âgés de 8 à 80 ans. L’objectif était de sélectionner quatre histoires parmi les 25 enregistrées et de faire danser quatre professionnels en parallèle, la danse faisant écho à l’histoire de chacun.
Une fois choisies pour leur force, leur originalité ou leur vérité, nous avons dû renvoyer trois de nos quatre histoires à Simon. Ces trois histoires seraient réparties entre les équipes de Saint-Denis, Bangalore et Istanbul. En échange, nous recevrions un histoire de chacune de ces villes. »
Au total, le projet comprend 16 histoires de quatre villes différentes.

Sarah Crowell à La Villa SF devant une photo du fil documentaire The Black Panthers par Agnes Varda – photo © Sabrina Bot
Au moment de cet entretien, nous avons demandé à Sarah sur quelle histoire elle aimerait danser : « Rien n’est décidé mais je suis vraiment attirée par l’histoire de Frederika Newton, la veuve de Huey Newton, l’un des co-fondateurs des Black Panthers qui a été assassiné à Oakland en 1989. Les Black Panthers sont si spécifiques à Oakland ; cette histoire devrait être associée à un danseur d’Oakland et ma philosophie personnelle a toujours été de militer pour la justice sociale« .
Inutile de préciser que Sarah Crowell est une militante dans l’âme ; si depuis 1988, elle a décidé de s’installer à Oakland, ce n’est pas le fait du hasard !
Quelle est la particularité de l’espace physique de la résidence?
« J’aime particulièrement les vues panoramiques de la ville et la promenade jusqu’au mont Sutro« .
Si on vous demande de nous dire spontanément qui est votre artiste préféré ?
« Quand j’ai déménagé de Boston à San Francisco, je rêvais à l’époque de danser dans une compagnie locale appelée Dance Brigade. Alors mon artiste préférée reste Kristy Kiefer qui dirigeait cette compagnie et qui m’y a engagée en 1988″.
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La Villa Albertine à San Francisco a été rendue possible grâce à la collaboration des Services Culturels de l’Ambassade de France aux Etats-Unis, de l’Institut de France, du Consulat Général de France à San Francisco, et de la Société Culturelle Franco-Américaine (FACS) mais aussi soutenu par des partenaires locaux tels que UC Berkeley et de généreux donateurs