Aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années célèbre phrase de Pierre Corneille, pourrait tout à fait décrire Emilie Nolf, pédagogue spécialiste du bilinguisme et récemment honorée des Palmes Académiques.

On a toujours l’impression que ce type de récompense est attribué en fin de carrière, et bien celle d’Emilie Nolf, la petite quarantaine prouve le contraire.

Elle a l’enseignement chevillé au corps même si elle a démarré son parcours universitaire par des études de droit et de gestion ; elle reconnait s’être rendue compte de son envie d’enseigner en fin de troisième année. Elle finit pourtant sa quatrième année, et décide en parallèle de passer le concours d’enseignante.

Il faut dire qu’elle vient du sérail car sa mère a terminé sa carrière en tant qu’inspectrice de l’Education Nationale.

Emilie, lyonnaise d’origine débute alors comme enseignante en classe d’intégration pour enfants porteurs de trisomie 21, puis choisit une classe à horaires aménagés Musique avec l’Opéra de Lyon.

Elle aurait pu continuer dans cette voie mais on lui propose la direction d’une école maternelle près de Lyon. Elle se trouve plongée dans un environnement non pas bilingue, mais littéralement multilingue où elle doit faire co-exister la population locale et des populations réfugiées des Balkans et des pays de l’Est.

Emilie Nolf bilingualismPuis, elle passe le diplôme pour devenir maître-formateur ce qui lui permet d’accompagner de jeunes enseignants dans leur classe ou lors de formations à l’Institut National Supérieur du Professorat et de l’Education en analyse de la pratique, travail en partenariat, et inclusion scolaire…

En 2017, la routine est bousculée, et la famille déménage dans la baie de San Francisco.

Emilie s’expatrie ainsi avec à son actif un parcours d’enseignante, de directrice d’école maternelle, de maitre-formateur et aussi de mère de quatre enfants ne maitrisant pas l’anglais.

Elle nous confie : «En arrivant aux Etats-Unis, je pensais comprendre le bilinguisme grâce à cette expérience avec des populations dont le français n’était pas la langue maternelle. Pourtant avec le recul, je me rends compte que j’étais loin de saisir ce que le bilinguisme implique : au-delà de parler une autre langue, c’est aussi faire le pont entre sa culture d’origine -française dans mon cas, la culture du pays d’accueil mais aussi la culture mixte qui découle de tout cela ».

La voilà donc installée avec des enfants scolarisés dans le système américain. En 2019, elle prend le poste de coordinatrice pédagogique du dispositif FLAM pour les Etats-Unis.

Le dispositif FLAM USA (français langue maternelle) est un dispositif d’appui financier, destiné aux associations proposant des activités linguistiques et culturelles en français dans un cadre extrascolaire à des enfants français ou binationaux scolarisés dans une autre langue que le français. Il fonctionne sous l’égide de l’AEFE, l’Agence pour l’Enseignement Français à l’Etranger. A ce jour, FLAM USA regroupe 16 associations dont deux en Californie basées à Sacramento et à San Diego, et compte 3500 élèves.

Sa présidente, Marine Havel nous confie : « J’ai l’immense chance de travailler avec Emilie. Elle fait partie de ceux que l’on croise sur notre chemin et qui nous marqueront à jamais. Parce qu’elle est vraiment remarquable dans son travail, parce qu’elle fait partie de celles et ceux qui ont cette passion pour l’enseignement ». 

Le rôle d’Emilie est d’animer l’équipe de coordinateurs, d’organiser la formation des enseignants, et de faciliter le développement des associations à travers les 50 états.

Quand elle parle de sa mission, Emilie déclare « Être formateur, c’est être ni un juge ni un modèle, c’est surtout aider les enseignants novices ou expérimentés à analyser leur propre pratique, même si parfois il faut également leur apporter des conseils de manière plus directe pour leur permettre d’évoluer. Former c’est aussi l’opportunité d’apprendre sur soi-même et sur son métier d’enseignant, apprendre en permanence».

Elle ajoute « J’aime transmettre car en formant des enseignants, l’effet démultiplicateur est immense ; une formation avec 15 enseignants sur l’inclusion scolaire par exemple, c’est un grand nombre d’enfants qui pourront en bénéficier ».

Un peu avant le confinement, elle crée les Ateliers d’Emilie, une offre d’enseignement du français à distance pour des enfants du CP à la 5ème avec laquelle elle rencontre très vite un franc succès. Et comme les journées ont plus de 24 heures pour Emilie, elle trouve le temps d’animer une association appelée French Bridge à travers laquelle les adolescents expatriés peuvent casser l’isolement, parler et monter des projets avec d’autres ados francophones.

Quand on lui demande ce que cela fait de recevoir les Palmes Académiques, elle répond « J’étais surprise, je ne savais pas que la Fédération FLAM USA en avait fait la demande pour moi. Aujourd’hui je suis fière et encore plus honorée de les avoir reçues dans le cadre particulier du bilinguisme ».

Nous partageons l’enthousiasme de la présidente de FLAM USA au sujet d’Emilie Nolf car nous la connaissons bien ; c’est notre contributrice pour la rubrique Education de MerciSF.com !

Si vous avez un enfant francophone scolarisé dans le système américain qui veut améliorer ou entretenir son niveau de français, nous vous conseillons vivement sa rubrique.

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