Il est bien difficile de mettre notre nouvelle attachée culturelle, Sabine de Maussion dans une case car elle se révèle avoir un profil hors des sentiers battus. Mais s’il y a bien une circonscription dans laquelle elle devrait se sentir comme un poisson dans l’eau, c’est celle de San Francisco.
Arrivée il y a moins d’un mois, nous l’avons rencontrée sur le site de la Villa San Francisco afin qu’elle nous parle de sa mission et nous dévoile ce qui l’a amenée en Californie.
Passée par la Sorbonne et l’Inalco dans le cadre d’un master en littérature comparée puis à Dauphine en master de gestion des institutions culturelles, Sabine a rejoint plus tard le programme de PhD Curatorial/Knowledge au Goldsmiths College, Université de Londres, afin de se « doter d’outils conceptuels pour mieux approcher la question des publics dans le domaine de l’art contemporain ».
C’est assez logiquement qu’elle passe plusieurs années en programmation artistique et en relations internationales à La Grande Halle de la Villette, au Centre Georges Pompidou ou encore au CentQuatre à Paris.
Pourtant son aventure professionnelle ne fait alors que démarrer et est loin de se limiter à l’Ile de France, ou même à l’hexagone !
On retrouve ainsi cette jeune femme oeuvrant en diplomatie culturelle au sein de l’Institut Français au Caire et à Damas. C’est une région qu’elle connaît bien pour en être originaire en partie.
Elle s’installe ensuite à Beyrouth où elle reste plusieurs années. Sabine y enseigne les Visual Cultures à l’Université américaine, à l’Université Saint Joseph en master « Curatoriat et Critique d’Art » et aux Beaux-Arts.
En parallèle, elle collabore avec artistes, architectes, chercheurs et activistes, à la transformation d’une très riche demeure bourgeoise du début du 20e siècle, laissée à l’abandon depuis des années.
Cet endroit qu’ils nomment Mansion devient ce que l’on appelle un “tiers lieu”. Espace de vie, de création et de collaboration inscrit dans un modèle économique alternatif, Mansion fait plus sens aujourd’hui que jamais.
C’est aussi à Beyrouth qu’elle laisse alors émerger son esprit d’entrepreneuse et participe à la création d’Urbacraft, un jeu de construction lié au thème de l’architecture et de l’urbanisme qui trouve rapidement sa place dans les musées et centres d’art et de design : Cooper Hewitt, Smithsonian Design Museum, Musée Carnavalet à Paris…
Elle poursuit sa trajectoire de cofondatrice de start-up dans l’EdTech avec Makerbrane, une plateforme d’enseignement du design en 3D à destination de publics scolaires.
C’est donc après des années remplies d’expériences différentes qu’elle arrive à San Francisco pour revenir vers la diplomatie culturelle.
Elle apporte ainsi en toile de fond une solide formation académique, un parcours d’entrepreneuse et toujours une forte attirance vers l’éducation et la transmission des savoirs.
Que demander de plus pour être en adéquation avec son poste qui, contrairement aux idées reçues, va bien au-delà de la culture.
Comme elle nous l’explique “Mon rôle couvre les domaines de la coopération artistique et culturelle entre la France et les Etats-Unis, avec la Villa San Francisco, mais aussi les champs éducatifs et universitaires sur l’ensemble de la circonscription”.
La Villa San Francisco est un lieu où viendront prochainement des créatifs de toutes les disciplines, liés à la France. L’idée centrale est de leur permettre de coopérer, de rentrer en contact avec des entreprises, des chercheurs de tous horizons ou aussi d’autres artistes.
Comme le précise Sabine de Maussion “Les résidences de la Villa constituent des moments d’exploration où nos équipes et nos partenaires locaux partagent leurs ressources avec les créateurs pour nourrir des projets culturels et artistiques”.
Elle définit son rôle comme celui d’un “facilitateur” dans le cadre de la coopération entre la France et la Californie.
Il est important de préciser que cette même Villa San Francisco, et les méthodes de travail mises en place, ont servi de modèle au concept de la Villa Albertine, un gigantesque réseau français de villas que l’on retrouve sur l’ensemble des Etats-Unis et dont le lancement est prévu en ligne le 21 octobre prochain.
Beaucoup d’autres projets sont par ailleurs en cours de préparation : une nouvelle itération de la Nuit des Idées, programme français qui a essaimé dans le monde et a rencontré un succès sans faille à San Francisco ; ou encore la poursuite du programme Oakland/Saint Denis « In the Banlieues » qui prendra la forme d’une double exposition à l’Arsenal de Paris et à SPUR à San Francisco.
Pour conclure notre entretien, Sabine de Maussion qui est encore en phase de découverte, nous confie “ça va vite mais j’ai de la chance ; j’évolue dans un environnement qui a été extrêmement bien jalonné. Un énorme travail a été fait et je suis très bien entourée. Je bénéficie ici à San Francisco d’un comité très actif qui préside à la Villa San Francisco, du soutien de notre partenaire structurel, la French American Cultural Society (FACS), et à plus grande échelle de celui de la Villa Albertine”.
Bienvenue donc à Sabine de Maussion, et nous lui donnons rendez-vous pour qu’elle nous parle plus en détail des projets sur les douze mois qui viennent et au-delà.