Vous avez sûrement entendu parler de Philippe Croizon, cet aventurier français pas tout à fait comme les autres.
A son actif, une série d’exploits tout à fait impressionnants comme la traversée de la Manche à la nage ou encore celle du détroit de Béring, une participation au Dakar en tant que pilote… et bien d’autres encore.
Mais au-delà de ce palmarès tout à fait unique, ce qui le rend encore plus exceptionnel, c’est que cet homme plein de vie et tout sourire, est amputé de ses deux jambes et de ses deux bras.
Et il démarre la conversation en déclarant « Je suis mort le 5 mars 1994 ! J’affirme que ma vie s’est arrêtée ce jour-là. Puis une autre a commencé… ». Ce jour-là, Philippe Croizon a été électrocuté par une ligne électrique qui a conduit à l’ablation de ses membres.
Et c’est de cette nouvelle vie dont il parle aujourd’hui devant des publics médusés, émus aux larmes et littéralement sidérés par tant de résilience.
L’impossible, c’est vous-même – Osez demander !

Philippe Croizon avec Arthur Hoeffliger et Noa Azoulay du Lycée Français de San Francisco
Philippe Croizon s’est fixé le défi ultime : aller dans l’espace, faire partie d’un vol SpaceX et dans le cadre de son voyage en Floride, il a fait un petit détour pour parler aux élèves du Lycée Français de San Francisco (LFSF),
Il nous explique en toute humilité et toujours avec un sourire au coin de l’œil, que l’idée lui est venue il y a un an environ, d’envoyer un appel depuis son compte Twitter disant « Les amis si j’atteins les 50K followers avant Noël, j’interpelle Elon Musk pour qu’il m’envoie dans l’espace». Non seulement son tweet a généré les followers escomptés en moins d’une heure mais son rêve est en train de se concrétiser.
Il a été bluffé de recevoir une réponse d’Elon Musk lui disant « Un jour, nous vous prendrons sur un vol Starship ».
Depuis, la conversation se déroule en mode privé et se poursuit avec les équipes de SpaceX.
Philippe Croizon était donc à San Francisco mais ce n’était qu’une étape avant de se rendre à Cap Canaveral.
Il y suivra en direct le vol spatial habité de la capsule Starship. Cette mission baptisée Inspiration 4, décollera mercredi 15 septembre avec à son bord quatre passagers entraînés pour la circonstance mais non professionnels pour un vol de trois jours dans l’espace. Il espère pouvoir faire partie de l’un de ces vols dans un futur proche.
Une soutien mental et une préparation physique hors normes
Maintenant que l’aventure a commencé, Philippe nous parle du premier obstacle à surmonter : apprendre l’anglais. Il avoue qu’il n’était pas l’élève le plus assidu de sa classe et que l’excellence académique n’a jamais été son fort. Pourtant depuis six mois, il prend des cours d’anglais au quotidien et commence à bien comprendre la langue de Shakespeare.
Comment douter qu’il n’y arrive pas quand on apprend qu’au moment de commencer son entraînement pour traverser la Manche, il ne savait pas nager. Il a coulé comme une enclume au fond de la piscine dès sa première leçon. Il lui a fallu 2 ans d’entrainement intensif à raison de 35 heures de natation par semaine, entouré d’une équipe de professionnels, pour réussir. Alors, apprendre l’anglais… ne devrait pas être insurmontable.
Il s’aide dans cette tâche comme dans beaucoup d’autres en pratiquant la sophrologie et l’auto-hypnose.
Mais il insiste aussi beaucoup sur les trois piliers qui ont formé le moteur de sa réussite et le tiennent encore aujourd’hui.
Tout d’abord, sa famille et ses amis qui l’ont aidé à démarrer sa nouvelle vie, à devenir autonome. Philippe Croizon conduit, marche avec des prothèses et se débrouille seul dans une partie des gestes quotidiens.
Il souligne aussi l’utilisation de l’humour comme outil de résilience. Il n’hésite d’ailleurs pas à user d’humour noir… Et pour preuve, il a publié un livre autobiographique intitulé « Pas de bras, pas de chocolat ».
Finalement, il déclare que ce qui l’a sauvé, c’est le sport. En effet, les sept premières années après son accident, il avoue être resté sur son canapé à regarder la télévision et à s’être totalement renfermé sur lui-même… Quand il a commencé à apprendre à nager, il avait 25 kg de plus que maintenant.
Il estime être passé du statut « d’une personne en situation de handicap, à une personne qui fait des choses extraordinaires autrement grâce au sport».
Un sens inégalé du partage pour faire avancer la cause du handicap
Philippe Croizon pourrait se satisfaire de ses propres succès mais cet homme aime partager. Il est ravi à l’idée que ses exploits permettent d’améliorer la recherche et par là même la vie de nombreuses personnes en situation de handicap.
« Par exemple, pour aller dans l’espace, on doit trouver une solution pour le problème d’apesanteur. Sans main, il m’est impossible de m’accrocher, il me faudra au moins une prothèse qui me permette de me tenir à quelque chose pendant le vol. J’espère qu’avec l’aide directe ou indirecte d’Elon Musk, on va trouver une solution et que cela fera avancer la recherche sur le sujet ». Il ajoute que les prothèses qui ont été mises au point pour sa traversée de la Manche servent maintenant à un grand nombre de personnes handicapées.
C’est aussi dans cet esprit de partage qu’une académie Philippe Croizon a vu le jour à Vichy où s’entraînent quatre jeunes nageurs dans la perspective des jeux paralympiques de 2024.
Concernant le défi de l’espace, Philippe Croizon n’a pas de date. Son voyage à Cap Canaveral va lui permettre de parler avec les équipes sur place et de mieux évaluer la situation. Comme il le dit « J’ai peur de ce nouveau défi, mais c’est trop tard ! Ce sera dur et violent mais je sais d’expérience que la réussite passe par l’effort ».
Si vous voulez suivre les aventures extraordinaires de cet homme peu ordinaire, suivez sa semaine à Cap Canaveral sur le compte tweeter du LFSF et abonnez vous à son fil Twitter..
Bravo et merci Monsieur Croizon.