Actuellement, la VillaSF accueille deux «activistes de l’art». Angela Wellman, tromboniste, et Ashara Ekundayo, commissaire d’exposition indépendante. Ces deux femmes affirment le besoinblack education d’institutions centrées sur la culture noire pour permettre aux artistes noirs de s’exprimer pleinement et croient en l’éducation pour atteindre un objectif plus large.

Angela Wellman est une musicienne par nature – ses parents étaient tous deux musiciens et par formation – elle a obtenu son diplôme de premier cycle au Conservatoire de musique de Kansas City. Elle enchaîne ensuite avec un diplôme d’études supérieures de la prestigieuse Eastman School of Music de Rochester en 1997.

Wellman profite de son passage à la VillaSF pour écrire un essai sur l’expérience musicale de la diaspora africaine dans le monde post-esclavagiste. Elle se concentre sur les échanges, les connexions et les intersections entre les musiciens noirs qui ont voyagé entre la France et les États-Unis.

Elle s’interroge sur «comment l’esclavage des Africains a-t-il eu un impact sur la musique qu’ils ont amenée dans diverses parties du monde» et elle cite le Zouk, musique des Caraïbes françaises et la musique haïtienne comme exemple. Et elle enquête aussi sur les interconnexions de la scène rap entre les deux pays. «La résidence est l’occasion de vraiment plonger dans l’expérience franco-africaine».

Mais la recherche et la rédaction de l’essai ne représentent qu’un volet de l’activisme d’Angela Wellman. Elle se souvient clairement que quand elle étudiait à l’Eastman School of Music, il n’y avait que cinq étudiants noirs et qu’elle était la seule femme noire.

Et elle ajoute: «Lorsque vous êtes diplômé d’une école prestigieuse comme Eastman, vous recevez des offres pour votre carrière, mais la présence des noirs était minime et, étonnamment, c’est toujours à peu près la même chose. Ils ont fait des efforts pour inclure un plus large éventail d’expériences musicales et plus seulement la musique classique occidentale, mais qu’il y a encore beaucoup de travail à faire».

Elle bascule alors la conversation sur son autre passion, l’éducation musicale à travers les institutions : «J’ai créé une institution appelée Oakland Public Conservatory of Music, qui se concentre sur la culture noire. C’est un sujet qui me touche particulièrement parce que j’ai été formée dans des conservatoires traditionnels aux États-Unis ».

Et Angela Wellman d’insister : «J’ai grandi en apprenant l’importance de la musique en tant qu’espace fondamental qui contient la culture et la vérité des gens. À quel point il est important que nous ayons des institutions, en particulier dans le monde racialisé de l’éducation musicale, des endroits où les personnes peuvent aller étudier la musique de leur peuple, et c’est ce que nous proposons au Oakland Public Conservatory of Music ».

Faisant référence à une conférence à laquelle elle a assisté, elle mentionne : «Une fois, j’ai posé la question à Angela Davis, »de quoi pensez-vous que nous ayons besoin dans notre communauté noire ? » et Davis de répondre « Nous avons tout simplement besoin d’institutions. »»

Angela Wellman conclut alors « Après avoir créé et géré le Oakland Public Conservatory of Music pendant 15 ans, je comprends vraiment l’importance de cette affirmation… « Nous avons besoin d’institutions »».

Ashara Ekundayo est une commissaire d’exposition indépendante.

black futuresNée à Detroit, Michigan, Ashara Ekundayo a grandi pendant le mouvement Black Power: «J’ai grandi dans une ville noire, très très noire, et qui a eu une influence massive sur la culture du monde. Detroit est le berceau de l’industrie automobile mais aussi de la musique Motown appelée ainsi en référence aux moteurs.

Ma carrière universitaire, ma carrière professionnelle et ma carrière créative sont construites autour d’un intersectoriel de créativité enraciné dans les Noirs et la culture noire.

Depuis quelques mois maintenant, je travaille sur la Black Space Residency hébergée par le Minnesota Street Project. Jusqu’à présent, seuls trois artistes noirs ont eu un espace permanent au Minnesota Street Project. L’une des trois artistes s’éloignait depuis un moment et souhaitait que l’espace soit utilisé par d’autres artistes noirs.

C’est donc avec cette intention affirmée qu’il y a eu discussion, décision, puis tout un processus pour créer la Black Space Residency.

Mon rôle était de savoir quoi faire, comment garder l’espace pour qu’il y ait des artistes noirs qui y travaillent. Ma relation avec le mouvement artistique de la Bay Area et mon expérience de curateur ont fait le reste.

Il y a neuf ans, j’ai cofondé un espace de coworking au centre-ville d’Oakland appelé Oakland Impact Hub, qui fait partie d’un réseau mondial d’espaces de coworking. Nous étions à l’avant-garde de cette innovation entrepreneuriale sociale et notre modèle d’entreprise était centré sur l’économie créative.

A l’été 2017, j’ai quitté le bâtiment et ouvert une plus petite galerie d’art dans le même quartier. J’ai volontairement limité l’espace pour n’exposer que le travail de femmes noires et de femmes de la diaspora africaine. C’était la seule galerie commerciale aux États-Unis consacrée exclusivement à l’exposition de l’art de la femme noire.

C’était vraiment important pour moi de m’assurer qu’il y avait pas de barrière pour les intégrer dans la conversation autour de ce qu’est l’art et le secteur de l’art. La majorité des personnes qui sont venues à ma galerie étaient des femmes et des enfants.

Ils savaient qu’ils pouvaient entrer dans cet espace créatif, être curieux et poser des questions. Ils savaient aussi que la personne qui possédait la galerie leur ressemblait, que la personne qui avait créé ce qui était exposé sur les murs ou sur le sol, leur ressemblait, et que les gens qui allaient parler et faire parler des artistes leur ressemblaient. Avoir un espace dédié aux artistes femmes noires leur a donné la permission d’être là alors que beaucoup d’enfants n’ont pas la permission d’être artistes.

Quand vous regardez l’histoire des Africains aux États-Unis, vous savez que l’un des principaux véhicules pour échapper à la pauvreté est l’éducation, vous savez que dans la culture afro-américaine, les familles apprennent à leurs enfants l’importance de l’éducation. Mais cela se traduit souvent par « Ne soyez pas artiste, devenez médecin, devenez avocat, devenez quelque chose qu’ils ne peuvent pas vous enlever.

L’intention de la Black Space Residency est justement de réserver un espace aux artistes noirs. Nous voulons nous assurer que ce sont des artistes noirs de la région de la baie, qui ont également accès au vrai San Francisco.»

La Villa San Francisco a été créée sous l’égide des Services Culturels de l’Ambassade de France aux Etats-Unis, de l’Institut de France, du Consulat Général de France à San Francisco et de la French American Cultural Society (FACS) et est aussi soutenue par des partenaires locaux comme UC Berkeley et de généreux donateurs.

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