(Mis a jour le 3 janvier) – Yves Behar, célèbre designer suisse touche-à- tout basé à San Francisco, était invité par le Studio Mortazavi à meubler la Villa San Francisco. Nous avons eu le plaisir de le rencontrer dans ses meubles justement, pour parler de ses projets.  

Aujourd’hui à la tête d’une équipe de plus de 75 personnes dispersées un peu partout dans le monde, il surfe littéralement sur la vague contemporaine, comme le raconte l’interview qui suit, réalisée par Isabella Demeulenaere.

En philosophie, on démontre que la beauté aide à vivre. Voyez-vous le design comme un ascenseur social ? L’occasion pour chacun de pouvoir profiter d’un peu plus d’esthétique dans sa vie ?   

Yves Behar la villa

Sofa créé par Yves Béhar pour La Villa San Francisco

« Je pense que tous les designers associent leur travail à la vie quotidienne. C’est un art de vivre qu’on essaie de partager, de promouvoir ».

Parlons un peu de vos projets spécifiques. J’aime beaucoup votre projet de maisons au Mexique, construites sur place à l’aide d’une imprimante 3D. Elles ont de belles qualités architecturales (haut plafonds, breezeway décoratif, terrasse…). Sera-t-il bientôt possible d’en construire de similaires dans la baie de San Francisco ou ailleurs ? 

« La construction à l’aide d’imprimante 3D n’en est qu’à ses débuts. Elle convient parfaitement pour de petites surfaces (max 60M2) mais à présent on peut y ajouter des étages, ce qui décuple ses applications, notamment familiales.  Elle est intéressante quand on peut construire sur place car cela rend le projet très économique.
Quand on ne peut pas réaliser l’impression sur le site, on peut faire du préfabriqué, on produit tout en atelier et on monte les éléments sur site. Et c’est également un procédé d’avenir pour construire du logement économique de très bonne qualité ». 

Vos lunettes “ Ocean Clean Up” sont fabriquées à partir des matières plastiques récupérées dans l’Océan Pacifique. Est-ce le début d’une ère de design de récupération ?Yves Behar glasses

« Oui, je l’espère. L’objectif était de démontrer qu’il y a une valeur dans les déchets et que leur recyclage permet de réaliser un joli produit tout en nettoyant les océans. Si j’en vends beaucoup, cette masse de plastique sera déjà considérablement réduite ». (NdR: le revenu généré par la vente de chaque paire de lunette est réinvesti dans un projet annuel de nettoyage des océans The Ocean Cleanup)

Vous venez de créer un purificateur d’air qui ressemble à un meuble. Pourquoi ne pas avoir plutôt créé un meuble qui contient un purificateur d’air ?  

« Ces nouveaux objets technologiques fonctionnels émaillent désormais notre quotidien. Il est intéressant de les fondre dans le décor car ne plus les considérer seulement en tant que fonction a un effet relaxant. L’étape suivante sera, en effet, de les intégrer totalement dans le mobilier, mais il faut procéder par étapes car le consommateur ne sait pas encore réellement ce dont il a envie chez lui. C’est comme l’écran TV en forme de tableau. Aujourd’hui on le trouve séduisant mais il fut un temps où chacun voulait un grand écran dans son salon. C’était une forme de statut ».   

La montre Neo réalisée en partenariat avec Vodafone et Disney a été conçue pour que les parents et un cercle proche puissent rester en contact avec les enfants à travers la voix, ou les sms. A l’ère des parents hélicoptères, lui prêtez-vous de réelles qualités pédagogiques ? 

« Elle permet surtout de retarder pour les parents l’achat du premier vrai téléphone portable. La montre a quelques applications suffisantes pour l’usage qu’en font les enfants et pour rassurer les parents.  Elle aide à devenir un peu plus responsable à un âge où l’utilisation d’un vrai téléphone portable reste problématique car les enfants ne sont pas encore mûrs pour filtrer ses applications ».

Vous êtes surfeur et proche de la nature. Cela se reflète-t-il dans votre design ?  

« Je suis “dans la vie”, que ce soit la nature, la ville, etc… Ce qui m’intéresse, c’est d’orienter les comportements pour améliorer nos conditions d’existence. On travaille sur des concepts qui permettront aux habitations de s’adapter à une population qui évolue. Par exemple, on fabrique des serrures automatiques commandées à distance qui permettent des interactions avec la maison sans être sur place, ou des objets du quotidien pour personnes âgées qui permettent de lutter contre la solitude : je pense au robot ElliQ qui, non content de donner des informations, prend l’initiative de poser des questions, proposer des activités… »

Pouvez-vous nous expliquer comment naissent vos projets ?

« Certains sont des commandes qui répondent à une vraie demande. D’autres naissent d’échanges d’idées et de recherches sur l’utilité d’un nouvel objet ou concept. Il faut que ceux-ci permettent une certaine cohésion, un ralliement. Certains sont lancés puis ne fonctionnent pas du tout, d’autres parfois improbables, rencontrent une formidable adhésion ».   

Le mot de la fin : « Il faut en quelque sorte que les objets deviennent, comme les gens, des role-models ».

Nous avons aussi demandé à Yves Béhar 3 recommandations à San Francisco:

  • Hookfish à Ocean Beach est un café-restaurant qui sert du poisson issu de la pêche durable, qui a un staff très sympa et qui est l’endroit pour le meilleur repas après une bonne session de surf !
  • Les galeries d’art indépendantes à San Francisco sont un bon moyen de découvrir des artistes internationaux et locaux :  la nouvelle galerie Jessica Silverman Gallery dans Chinatown, Ratio3 dans la Mission, Aimee Friberg Cult dans Nopa et Altman-Siegel dans le Dogpatch.
  • Prendre l’air et se cultiver dans le Presidio en se promenant autour de la « Spire » et de la « Woodline » d’Andy Goldsworthy

Merci Isabella Demeulenaere

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