Bienvenue à Frédéric Jung, le nouveau Consul Général de France à San Francisco.
Une brève interview peu de temps après sa prise de fonction car dans les circonstances actuelles, la communauté française se tourne vers son Consulat avec de nombreuses questions bien légitimes.
Mais avant de rentrer dans le vif de l’action qu’il compte mener au sein de la circonscription, nous avons voulu savoir pourquoi Frédéric Jung avait choisi de devenir Consul de France à San Francisco.
J’avais déjà une expérience américaine en tant que conseiller négociateur au sein de la Mission Française auprès des Nations Unies. J’avais passé cinq ans à New York, et c’est d’ailleurs là que j’ai rencontré celle qui est devenue mon épouse qui a fait une partie de ses études aux Etats-Unis.
Après avoir passé plusieurs années à Paris, j’ai voulu me projeter à nouveau dans la réalité de la diplomatie. Je vais donc avoir le privilège de reprendre mon expérience américaine tout en animant la communauté locale.
Mon arrivée dans la ville mi-août a été un choc car avec le recul, on sait maintenant que c’était le moment où l’épidémie était à son pic. On a très vite senti le poids de quelque chose qui s’était passé dans cette ville même si on ne l’avait pas vécu directement.
Cela fait donc maintenant près d’un mois que vous êtes sur place, quelles vont être vos deux grandes priorités pour les douze mois qui viennent ?
En temps normal, la partie consulaire fonctionne avec une équipe rodée et n’est pas le point de focalisation du Consul Général. Mais en ce moment, dans le contexte actuel du COVID avec les règles de restriction de circulation en vigueur et la gestion des dérogations, le personnel du consulat tourne à plein régime. Nous avons un nombre de demandes d’informations et de dérogations extrêmement élevé. Nous faisons notamment face aux cas de figure suivants :
- Les exemptions accordées aux personnes qui ne peuvent pas faire le test PCR moins de 72 heures avant d’embarquer, dérogations qui permettent de faire le test seulement en arrivant en France. Accorder ces dérogations demande des vérifications et validations qui prennent du temps.
A noter ce lien sur le site du consulat qui est mis à jour régulièrement et qui donne la liste des endroits où l’on peut faire un test PCR. Il est fortement conseillé de réserver son rendez-vous bien à l’avance pour avoir toutes les chances possibles de réaliser le test et d’avoir le résultat dans les délais impartis. - L’autre sujet de dérogation correspond au principe « love is not tourism ». Ces dérogations sont pour des personnes qui ne sont ni mariées, ni concubins vivant ensemble, mais qui s’aiment.
Mais attention, les personnes doivent prouver qu’elles s’aiment vraiment et cela demande de la part des équipes de collecter beaucoup d’information et donc de grands temps de traitement. Par ailleurs, il ne peut s’agir que de retrouver une personne de nationalité française en France.
Sachez qu’actuellement, le consulat reçoit chaque jour plus d’une centaine d’appels téléphoniques et d’emails liés à ces questions. Je souhaite donc appuyer au maximum mon équipe dans la gestion de cet enjeu central pour la communauté française de la circonscription.
J’ajoute que la situation sociale de certains de nos compatriotes peut parfois être préoccupante dans le contexte actuel. Concrètement, on parle ici notamment de la campagne de bourses scolaires. Il y a toujours deux sessions par an, une au printemps et une à la rentrée qui va se terminer le 18 septembre. Mais cette année, celle de la rentrée ne concerne pas que les nouvelles familles arrivées pendant l’été. Nous allons aussi examiner la situation de familles qui étaient déjà sur place et dont la situation financière a évolué pendant l’été à cause de la crise du Covid.
Le consulat verse aussi des aides sociales ponctuelles à des familles françaises en difficulté et le budget alloué à ces aides spécifiques a été revu à la hausse.
Ma deuxième grande priorité est bien sur l’économie locale avec la tech, le vin… C’est un sujet qui me tient à cœur et dans lequel je veux m’investir mais les circonstances actuelles ne favorisent pas les rencontres physiques avec les différents acteurs. Je vais donc devoir m’adapter pour avancer sur ce sujet. Rassurez-vous, je suis déjà en contact avec la FACCSF, Business France, nos conseillers du commerce extérieur, la French Tech San Francisco…
Avez-vous constaté depuis cet été un changement concernant la taille de la communauté française ?
Il est difficile à ce stade de savoir si la taille de la communauté présente dans la baie évolue sensiblement ou pas. Nous voyons des personnes partir mais en parallèle nous voyons aussi certains Français, installés depuis longtemps s’enregistrer au registre des Français établis hors de France et même faire un renouvellement de passeport obsolète. La jauge reste à ce stade toujours autour de 30,000 français officiellement enregistrés auprès du consulat.
Les restrictions de déplacements ont eu un impact sur l’arrivée de nouveaux français ?
Au-delà des touristes dont l’arrivée est impossible depuis l’espace Schengen, ce que l’on sait c’est que beaucoup de gens ne peuvent pas venir aux Etats-Unis tels que les VIE, les stagiaires… Nous avons toutefois réussi à négocier des dérogations pour les personnes comme les chercheurs et enseignants sous visa J1
Quel est le message que vous voudriez passer à la communauté ?
Je souhaite vivement que nous puissions passer cette crise pour retrouver l’humain qui est en nous et qu’il puisse se projeter dans l’avenir. Il va être important de réapprendre à vivre dans une nouvelle normalité avec des projets. J’espère apporter un peu de sang frais et d’optimisme.
Où allons nous pouvoir vous croiser le week-end ?
Nous comptons bien profiter de la vie outdoor qu’offre la région, et en faire profiter nos filles. Personnellement, j’aime la natation, le VTT et le snowboard. Cela ne devrait pas être trop difficile de combler nos attentes.
Merci Frédéric Jung, Consul Général de France à San Francisco