Avec le Coronavirus, le début du confinement a vu une augmentation des ventes d’alcools (spiritueux, bière et vin confondus) de 42%* dans la Baie !

Même si ce chiffre peut impressionner, en y regardant de plus près, on ne parle pas de consommation, mais de vente.

En temps normal, 90% de l’alcool acheté par les particuliers est consommé immédiatement, mais là on pense que les consommateurs ont pris leurs précautions en faisant des réserves. Personne à ce stade ne peut parler de la consommation réelle, cette donnée ne sera fiable que dans quelques mois avec un peu de recul.

Coronavirus vente vinEn attendant, nous avons décidé de creuser le sujet de l’impact du Coronavirus sur les ventes et le marché du vin, en nous adressant à une figure bien connue de l’industrie viti/vinicole en la personne de Jacques Brix.

Installé depuis très longtemps aux Etats-Unis, il met en relation les entreprises françaises et européennes qui souhaitent entrer sur le marché américain (tonneliers, fournisseurs de bouteilles…) et les viticulteurs locaux. Il est aussi Président de la French Association of Wine Executives, et partie prenante dans plusieurs publications spécialisées.

Parlez-nous des répercussions du Coronavirus sur la distribution du vin ?

On compte 12,000 domaines en Amérique du Nord, dont 75% sont des petites wineries. Ce sont ces petites structures qui souffrent le plus du confinement car elles ont dû arrêter la vente directe du jour au lendemain, et fermer leurs « tasting rooms ».

Il est important de préciser qu’il existe un système de distribution très réglementé aux Etats-Unis mis en place après la Prohibition. Il impose à tous les producteurs d’alcool de passer par un circuit à trois niveaux (producteur – grossiste – magasin) ; Une façon pour l’administration fédérale de garantir la qualité et l’origine de l’alcool vendu…

Pour éviter ce circuit de distribution, la plupart des petites wineries étaient jusque-là en vente directe à travers leur tasting room, leur « club de dégustation » et la vente aux restaurants. Quand elles essaient maintenant de rentrer dans ce fameux circuit de distribution, les distributeurs ne sont pas très intéressés à référencer des petits producteurs avec des vins à faible volume… Ils préfèrent travailler avec les grands domaines.

Et si ces wineries ont compris l’opportunité de passer à 100% de vente en ligne, elles n’étaient pas structurées pour basculer vers ce nouveau modèle du jour au lendemain. Le e-commerce ne s’improvise pas en quelques jours.

Conséquence immédiate, les salles de dégustation sont toutes fermées, et les petits producteurs ont dû se séparer de leur personnel ; voilà pourquoi la plupart des wineries de taille modeste sont en difficulté aujourd’hui, y compris en Californie.

Pourtant au final, notre état devrait être relativement épargné. En effet, avec 65% environ de la production nationale de vin, et une cinquantaine de grands domaines, elle était déjà largement vendue par le fameux circuit de distribution, et structurée pour la vente en ligne.

Qu’en est-il des fournisseurs de produits connexes à l’industrie ?

Quand je demande aux fournisseurs français avec qui je travaille habituellement (tonneliers, fournisseurs de matériel en tout genre…), s’il y a une modification de leur volume de business, la réponse est plutôt qu’ils constatent un ralentissement dans les prises de décision.

A ce stade on peut dire que les winemakers font des achats plus raisonnés, le futur étant incertain. Mais la vendange arrive, et même si les investissements sont plus prudents, ils vont se faire.

Pensez-vous que la vente et la dégustation en ligne de vin vont transformer la distribution à long terme ?

Absolument ! Je pense que la majorité des particuliers aura apprécié de recevoir leur vin à domicile sans aller dans un magasin.

Et cela devrait aussi avoir une incidence sur la connaissance, et l’éducation du vin… Les dégustations virtuelles fleurissent. Je ne peux pas prédire l’avenir, mais je pense que cette tendance va perdurer.

Si c’est bien fait, cela force la vente à l’avance… En effet, pour déguster le même vin que le winemaker qui anime la dégustation en ligne, le consommateur doit avoir acheté les vins auparavant…

Les milleniums devraient adorer cela. C’est une tendance à suivre et qui va peut-être changer les choses dans la région.

Cette pandémie a-t-elle une incidence sur les vins importés de France ?

Oui assurément, il y a une baisse des ventes à l’importation. Tout d’abord quand il y a une catastrophe, on a tendance à acheter des produits locaux pour aider l’économie locale, mais surtout les délais de livraison ont doublé. Si on ajoute l’application des taxes sur les vins français votées il y a quelques mois, cela n’aide pas les importations.

La bonne nouvelle, c’est que le vin est un produit qui se bonifie avec le temps, alors la gestion du stock est beaucoup moins problématique que dans d’autres secteurs.

Quelques noms de domaines français de la région de Californie du Nord

(source BACtrack)

Merci Jacques Brix

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