Elue start-up de l’année au French American Business Awards (FABA) en mai 2019, nous étions curieux de voir ce qu’il en était d’Einstein Studios six mois plus tard. Nous avons rencontré Xavier Lesage Moretti, son fondateur pour qu’il nous parle un peu plus en détails de son aventure.
Ce jeune entrepreneur a fait un pari osé : aider les dyslexiques à apprendre une langue étrangère sachant que justement la dyslexie est causée par une déficience au niveau de la zone cérébrale qui permet l’apprentissage du langage.
Autrement dit, l’enfant dyslexique aura des difficultés à acquérir et à apprendre une langue, quelle qu’elle soit : sa langue maternelle ou une langue étrangère.
On ne parle pas d’exception ici car on compte environ 10% d’enfants atteints de dyslexie, cela fait un ou deux enfants par classe…
Contrairement au story telling habituel, Xavier Lesage Moretti n’a jamais été dyslexique, ni un de ses proches… mais il fait un constat affligeant sur le système éducatif qu’il qualifie de « pourri ». Visiblement, bien que diplomé de Supélec, il n’a pas digéré la façon dont on lui a enseigné la physique !
Fort de son ressenti personnel, Xavier commence à s’intéresser très sérieusement à l’apprentissage en général. Pourquoi et comment apprend-on plus facilement cette matière ou une autre ? Son cheminement intellectuel passe entre autre par la lecture d’un ouvrage qui s’appelle « Libérez votre cerveau » d’Idriss Aberkane dans lequel l’auteur démontre que « pour penser mieux, éduquer mieux, vivre mieux, pas besoin d’être un génie, il suffit d’utiliser les formidables ressources que la nature a mises sous notre crâne». Mais comme le sait Xavier, vouloir apprendre ne suffit pas !
Tout cela serait peut-être resté dans un coin de sa tête, s’il n’avait eu cette réflexion sur l’éducation au moment où l’on commençait à parler sérieusement de Réalité Virtuelle… Il fait vite le rapprochement car il est convaincu que pour être efficace, il faut une éducation collaborative et amusante.
Il réfléchit donc à un jeu dans un monde virtuel qui tournerait autour de l’apprentissage de la physique, toujours elle… Il en parle autour de lui, rencontre quelques incubateurs et se dit que le mieux est de « tester » l’idée.
Mais il ne veut pas tester l’idée avec n’importe quelle population d’étudiants.
En effet, au cours de ses recherches sur l’éducation, et les difficultés liées à l’apprentissage en général, il découvre que les dyslexiques sont les groupes très affectés par le système éducatif classique :
Le dyslexique connaît des difficultés à intégrer la composante phonologique de sa langue. Il ne distingue pas très bien les phonèmes ni ne parvient à associer correctement graphèmes et phonèmes.
Le dyslexique a donc des difficultés pour distinguer ou manipuler les différents phonèmes qui composent les mots qu’il entend et connait. (https://troublesdapprentissage.com/troubles/troubles-dys/dyslexie/)
Il monte des groupes de travail en proposant à des parents d’enfants dyslexiques d’exprimer leurs frustrations pour l’apprentissage de la…. physique… encore et toujours elle !
Mais assez vite, il se rend compte que la physique n’est absolument pas au centre des préoccupations des parents, car ce qui est le plus difficile pour leurs enfants, c’est l’apprentissage des langues étrangères. Phonèmes, graphèmes… c’est assez logique.
Voila comment est né Einstein Studios pour l’apprentissage des langues étrangères et de l’espagnol en particulier.
C’est une plateforme un peu comme une plateforme multi-joueurs où l’enfant prend son cours avec un professeur dans un environnement virtuel.
Muni de son Oculus, l’enfant choisit son avatar, retrouve un ou deux autres camarades dans la même situation, et rejoint un professeur de langue bien réel mais dans le monde virtuel créé par Einstein Studios.
La VR permet de recréer une situation d’immersion tout à fait adaptée aux dyslexiques : apprendre une seconde langue est un exercice bien abstrait quand on est assis dans une salle de classe et que le professeur vous demande d’imaginer que vous êtes en train d’acheter des fruits au marché.
Si on est en immersion même virtuelle, le cerveau fait appel à tout un ensemble de stimuli bien plus efficaces pour augmenter l’engagement des enfants.
Chaque cours de 30 minutes est suivi d’une séance de « Write & Discuss » afin que le vocabulaire appris oralement soit écrit par le professeur sur le tableau virtuel et que les incompréhensions, s’il en subsiste, soient levées… Les professeurs d’Einstein Studios sont sélectionnés et briefés pour enseigner dans cet environnement.
Aujourd’hui, un an à peine après son démarrage, Einstein Studios propose 3 niveaux d’apprentissage en espagnol, aide quelques dizaines de famille et affiche fièrement un taux de rétention de 100% de ses élèves.
Après cette phase de développement commercial principalement basée sur le bouche à oreille, l’objectif de Xavier Lesage Moretti et de son co-fondateur Benjamin Roux, est de faire grossir son équipe de six personnes, de développer ses ventes et d’étoffer son offre de cours.
Peut-être même qu’un jour, il trouvera une façon d’enseigner la physique en s’amusant. En attendant, si vous avez un enfant dyslexique ou que vous en connaissez un autour de vous, n’hésitez pas à partager le nom d’Einstein Studios… Une start-up qui tient ses promesses.