Les Basques sont intimement liés à l’histoire de la baie de San Francisco et quand la ville a détruit leur mur de pelote, ils ont vu rouge.
Mais avant de parler de la destruction de leur fronton, un petit retour en arrière pour mieux comprendre pourquoi la population basque de la baie de San Francisco est une des plus anciennes et des plus importantes des Etats-Unis.
Une histoire qui démarre avec l’origine de la ville de San Francisco
On retrouve la trace des Basques dès le 18ème siècle avec le « commandeur » Juan Bautista de Anza d’origine basque, qui a été le premier à explorer la baie de San Francisco (1774 -1776). C’est même lui qui a choisi l’emplacement de Mission Dolores et du premier Presidio.

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Pourtant la majorité des Basques dont nous pouvons retrouver les origines autour de la Baie, ne descendent pas tous des conquérants des nouveaux territoires. Loin de là !
Les vagues d’immigration des Basques de l’Europe vers le Nouveau Monde, ont le plus souvent été dues à des difficultés économiques, y compris de véritables famines (1847 et 1905) ou à des guerres.
On estime que 200,000 d’entre eux ont quitté l’Europe entre 1830 et début 1900. Certains se sont arrêtés en Amérique Latine, mais beaucoup sont venus jusqu’aux Etats-Unis gonflant ainsi les chiffres de la Ruée vers l’Or. En 1910, un peu plus de 22% des Basques installés en Californie vivent dans la région de San Francisco.
Le 20ème siècle n’a pas épargné les Basques plus que durant les siècles précédents ; les deux grandes guerres (14-18 et 39-45) ou encore la guerre civile Espagnole (1936-1939) les ont à nouveau poussés à l’exil. Et enfin la période Franquiste entre 1940 et la fin des années 50, a vu 100,000 Basques quitter le pays.
Les Basques au 20ème siècle – de bergers itinérants à citadins
L’Amérique était vue comme le nouvel El Dorado et les Basques partaient vers l’Amérique espérant faire fortune… Mais c’était loin d’être le cas car l’Amérique les accueillait pour ce qu’ils savaient faire de mieux… bergers de troupeaux de moutons. Résultat : une majorité de jeunes hommes (entre 18 et 30 ans), célibataires étaient envoyés dans la Sierra et au-delà pour garder des troupeaux… pas vraiment une vie de rêve !
Heureusement ceux qui arrivèrent après la seconde guerre mondiale étaient passés par le système éducatif et se sont plus facilement intégrés à leur nouvel environnement. Ils ont commencé comme jardiniers, cuisiniers ou boulangers et très peu acceptaient désormais d’être bergers. Pourtant les Etats-Unis avaient passés en 1950 un Sheepherder’s Act, qui visait justement à augmenter le quota d’immigration pour ceux qui acceptaient d’être bergers.

San Francisco Urazandi Collection
Comme beaucoup d’autres communautés, les Basques avaient leur quartier dans San Francisco appelé Euskal Hiria qui se situait entre Broadway et North Beach. On y trouvait les hotels basques (Hotel de France, des Pyrenées…), les pensions de famille, les restaurants ou encore La Parisian Bread Bakery.
Aujourd’hui, complètement américanisés, on ne peut plus catégoriser les Basques par métier ou par quartier… Ils représentent une partie de la population de la baie complètement intégrée mais avec une petite particularité quand même…la culture basque.
Langue, danse, sport, musique, jeux, religion et cuisine… C’est tout cela qui fait la culture basque et ils cultivent leur tradition à travers le Centre Culturel littéralement construit à la sueur de leur front après que la ville de San Francisco ait cassé leur « mur » !
Fin des années 1970… La ville de San Francisco détruit le mur de pelote
Ils avaient bien évidemment un fronton dans le quartier basque (Helen Willis playground) où ils pouvaient se retrouver et jouer à la chistera, à la pelote ou à main nue… Mais en 1979 la ville de San Francisco décide de casser le mur pour construire un immeuble d’habitation. Dès lors, la communauté cherche à tout prix comment reconstruire un fronton qui dure.

San Francisco Urazandi Collection
Après une incroyable aventure humaine qui montre détermination, camaraderie et persévérance, Le Centre Culturel Basque voit le jour à South San Francisco en 1982.
Ce batiment comprend un mur de taille réglementaire pouvant ainsi accueillir des tournois internationaux et environ 500 spectateurs, un restaurant de près de 140 places (réservations) et abrite deux groupes de danse (75 danseurs entre 7 et 20 ans), une chorale pour adultes (El Garrekin), des tournois de Mus (jeu de cartes basque), des cours de langue et même des camps de vacances pour les enfants (120 enfants en 2019).
L’idée, vous l’aurez compris, est d’attirer les plus jeunes pour conserver et transmettre la culture. Visiblement, le centre culturel basque s’en sort plutôt bien car cela fait bientôt 30 ans qu’il accueille des familles de toute la baie.
Découvrir la culture basque aujourd’hui
Le Centre Culturel Basque organise une journée spéciale le 26 octobre avec conférences, démonstration de pelote, de danse et klika… le tout accompagné d’un diner.
Retrouverez le programme complet de cette journée – Attention il faut réserver.
Si vous ratez cette journée du 26 octobre, vous pourrez vous rattraper en février ou en août prochain car le CCB organise chaque année, deux grands picnics ouverts aux non-membres.
Adresse – Centre Culturel Basque – 599 Railroad Ave, South San Francisco
Et enfin, si vous voulez en savoir plus sur les Basques de San Francisco et marcher sur leurs traces dans Euskal Hiria, vous pouvez vous inscrire à la visite guidée faite par Anne Marie Chiramberro, une jeune femme d’origine basque passionnée par sa culture et guide touristique de métier.
Remerciements et crédits
Nous tenons à remercier Valérie Arrachea qui dirige le groupe de danse au centre culturel basque. Les historiens Douglass & Bilbao auteurs de « Amerikanuak in the New World », Pedro J.Oiarzabal auteur de « Gardeners of Identity : Basques in the San Francisco Bay Area » dont les ouvrages respectifs nous ont permis de remonter le temps.