Poursuivant la couverture du SFFilm Festival (jusqu’au 23 avril 2019), je vous livre mon dernier coup de coeur : “ Les Frères Sisters” de Jacques Audiard.
Il est rarissime qu’un réalisateur français s’attaque au film de genre qu’est le “western”.
Encore davantage que le résultat soit tellement excellent qu’il captive jusqu’aux détracteurs de ce genre même de film. C’est le cas ici, avec un film adapté par J.C.Reilly, lequel joue aussi le rôle principal.
Scénario à la trame originale, le film côtoie en parallèle les trajectoires de quatre hommes, dans l’Oregon de 1852. Les frères Sisters, tueurs en série aux allures picaresques, exécutent sans trop d’état d’âme, les ennemis de leur patron, pendant qu’un peu plus loin, en direction de l’ouest, un détective raffiné s’engage a la poursuite d’un chimiste, chercheur d’or idéaliste.
Rupture de ton et enjeux renversés : rien ne se passera comme prévu. Les tandems se reforment en quatuor dans lequel chaque personnage va explorer son identité propre.
Jacques Audiard nous offre un conte épique, avec une grande économie de moyens cinématographiques. Dans une nature plutôt intimiste, les personnages découvrent les attraits de la vie moderne (la brosse à dent…) mais aussi les fondations d’un autre système de pensée. Quelques images magiques nous transportent de l’autre coté du miroir, basculant du tragique au rêve et vice-versa : l’eau de la rivière se transformant en pépites, ou lorsqu’une araignée révèle l’inconscient d’un jeune homme.
J.C. Reilly est épatant en frère ainé sensible, censé protéger son cadet, le chien fou Joaquin Phoenix, enragé par son enfance. J.Gyllenhaal observe, derrière ses carnets, Riz Ahmed, le génial inventeur d’une potion magique parfaitement synchrone. Les seconds rôles, hauts en couleurs, ajoutent une tranche sophistiquée d’humanité à l’ensemble.
Une chevauchée fantastique dans un ouest revisité.
A ne pas rater en streaming ou éventuellement en salle.
Merci Isabella Demeulenaere